Éric Poitevin compte parmi les photographes les plus importants de la scène française. Attentif au paysage comme à la figure humaine, il a, à sa demande, réalisé les portraits de presque tous les survivants de la première guerre mondiale.
En 1985, âgé de vingt-quatre ans, il commence alors un tour de France et réalise, en studio, à la chambre photographique, le portrait de ces gens qui, nous dit-il, « ont presque tous pris le parti de ne rien dire, car lorsque la violence atteint un tel niveau, c’est comme si l’on rentrait d’un voyage dans l’espace ou je ne sais d’où. »
« Quand j’ai eu le projet de photographier les Anciens Combattants de 14-18, j’étais intéressé par la jonction après coup entre deux générations, faire la jonction entre la génération qui disparaît, qui a vu, et moi prenant le relais. Je crois que la guerre ne peut pas se photographier. Elle est forcément hors-champ. On ne peut en photographier que les séquelles… La photographie comme aide-mémoire… »
Il en résulte une série de cent portraits d’une très grande sobriété, cent figures de même format et de même composition, où chaque « poilu » se détache sur fond noir dans toute sa simplicité et sa dignité. Éric Poitevin réside en Moselle, non loin d’un bois qui a été l’un des lieux de bataille les plus importants de la grande guerre, qui en garde encore les séquelles, et où sont toujours enfouis, dans des tranchées profondes, le corps de certains soldats.
Commissariat
Marc Donnadieu, conservateur en charge de l'art contemporain
Elle s’inscrit également dans le programme Guerres et Paix organisé par l’Association des conservateurs des Musées du Nord-Pas de Calais.