Carlo Zinelli passe son enfance à la campagne, près de son village natal ; on retrouvera dans ses dessins son attirance pour la nature, les récits et les chants populaires. Son installation à Vérone, en 1934, pour travailler à l’abattoir municipal, marque une première rupture. En 1939, chasseur alpin depuis un an, il est mobilisé comme brancardier dans la guerre d’Espagne dont la violence provoque une autre rupture. Rapatrié à la fin de 1939, réformé en 1941, Carlo Zinelli ne travaille plus que par intermittence, car des crises de terreur le conduisent régulièrement à l’hôpital psychiatrique de Vérone.
Définitivement interné en 1947, il vit très isolé pendant dix ans avant d’intégrer, au sein de l’hôpital, l’atelier nouvellement créé par l’artiste Michael Noble. Dans une complète autonomie, Carlo Zinelli va peindre sans relâche des centaines de gouaches souvent recto-verso, avec un sens inné de la couleur et de la composition.
Dans ce véritable fleuve de peinture, il mêle une partie de sa vie à d’énigmatiques histoires, riches en détails du quotidien. Pour cela, il juxtapose, à la façon d’un miniaturiste, hommes, femmes, soldats, chapeaux des Alpini, avions, fusils, voitures, barques, animaux…
À partir de 1959, il agrandit certains motifs et l’écriture prend de plus en plus d’importance ; les mots, la répétition de voyelles ou de consonnes rythment la composition. Muré dans un monologue intérieur, Carlo Zinelli élabore pendant plus de vingt-cinq ans son œuvre d’une grande beauté et d’une rare complexité, véritable langage plastique composé de plusieurs périodes. Il réalisera aussi un ensemble de têtes en terre cuite.